La corruption ne constitue pas une exception mais la règle, le mode de fonctionnement régulier et normal du système lui-même.

Texte de l'interview réalisé avec Rosa Moussaoui du quotidien l'Humanité

 

1/ Dans son dernier discours, le général Gaïd Salah, pour justifier son opération « mains propres », tient la corruption pour la cause principale de la conjoncture économique dégradée de l’Algérie. Que pensez-vous de ce diagnostic ? 

 Le général Gaïd Salah ne cesse de dire qu’il faut se conformer à la Constitution alors que lui et ses pairs ne cessent de la bafouer. De quel droit un militaire, fût-il le chef de l’état-major peut se permettre de s’immiscer dans des affaires de justice, d’ordonner, car c’est le cas, des arrestations qui ciblent les membres et les clients du clan de Bouteflika. Et quelle est cette justice, encore aux ordres du pouvoir politique (ici l’état-major de l’armée) qui pourrait traiter des affaires de corruption. Une grande partie du corps des magistrats est elle même touchée.  A ce sujet, il ne faut pas oublier l’affaire Khalifa il y a quelques années. Tout indique donc que nous sommes plutôt dans un cycle de règlements de compte et non pas de lutte contre la corruption. Celle-ci, par ailleurs, n’est pas apparue avec la présidence Bouteflika, car elle est consubstantielle au système de pouvoirs mis en place depuis l’indépendance.  

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